Une Photo, Une Histoire. Face au Roi de la Forêt : La Récompense de la Patience pendant le Brame du Cerf
- julien delaval
- 18 mars
- 2 min de lecture
5h00 du matin. L’air est humide, la forêt encore plongée dans l’obscurité. Seul le faisceau de ma lampe frontale éclaire le sentier. Je marche lentement, appareil photo en bandoulière, attentif au moindre bruit.
Habituellement, je ne fais pas de photographie animalière. Mon truc, c’est plutôt le paysage, les lumières changeantes d’un lever de soleil sur une montagne, le jeu des ombres dans une vallée. Mais le brame du cerf, c’est différent.
Chaque année, en septembre, je prends le temps d’aller l’écouter, de le vivre. Pas parce que c’est facile – en réalité, c’est tout le contraire – mais parce que l’expérience n’a rien à voir avec le paysage.
Ici, pas question de composer tranquillement une image, d’attendre que la lumière parfaite arrive. Il faut être à l’affût, immobile, silencieux, patient. C’est une autre approche, une autre sensation.
Et ce matin, pour la troisième fois cette saison, je tente ma chance.
Mise en place et attente
Après 30 minutes de marche, j’arrive à mon lieu d’affût : une clairière discrète, bordée d’arbres épais. C’est ici que j’ai entendu des cerfs les autres jours, mais sans réussir à les voir correctement.
Je m’installe au sol, adossé à un chêne. L’appareil photo est réglé, prêt à capturer l’instant si l’occasion se présente. Maintenant, il n’y a plus qu’à attendre.
La nuit est encore dense, mais déjà, la forêt s’éveille. Quelques bruissements, le hululement d’une chouette au loin. Puis, un premier brame résonne.
Un son profond, puissant, qui semble venir du fond des âges.
Mon cœur s’accélère. Il est là.
Approche du cerf
D’autres brames lui répondent. Il n’est pas seul. J'attends toujours patiemment et j'écoute ce spectacle sonore merveilleux. Puis, un bruit distinct : des pas lourds, lents mais rythmés, brisant les feuilles mortes.
Il s’approche.
Je retiens mon souffle. Il est tout proche, à moins de vingt mètres. Je ne le vois pas encore, mais je sens sa présence.
Soudain, une masse sombre émerge lentement des feuillages.

L’instant capturé
Et là, il est devant moi.
Un mâle imposant, aux bois majestueux, baigné dans la lumière légère des sous-bois.
Il s’arrête. Il regarde dans ma direction.
À ce moment précis, je réalise pourquoi j’aime tant cette expérience. Contrairement à la photo de paysage, où je capte un décor figé, ici, je fais face à un être vivant. Un regard, une présence, un échange silencieux.
Je déclenche l’appareil.
Le bruit ne le fait même pas sursauter. Il reste là, comme s’il acceptait d’être photographié. Puis, dans un mouvement fluide et maîtrisé, il disparaît à nouveau dans la forêt.
Bilan de l’expérience du Brame du Cerf
Je vérifie l’écran de mon appareil. L’image est là.
Cette sortie n’avait rien à voir avec mes habitudes. Pas de trépied, pas de cadrage minutieux, pas de réflexion sur les couleurs. Juste l’instant, brut, réel.
C’est ça que j’aime dans le brame du cerf. Ce n’est pas la photographie animalière classique, avec des longues heures d’affût et des sujets difficiles à approcher. C’est une autre approche : plus sensorielle, plus immersive.
Cette fois encore, j’ai eu la chance d’être là, au bon moment. Et pour quelques secondes, j’ai partagé un regard avec le roi de la forêt.
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